Avec Internet et les réseaux sociaux, n’importe qui peut s’autoproclamer expert et écrire des articles sur la voiture connectée et autonome. C’est même à la portée du premier venu. Par contre, le résultat est indigent, voire faussé par les préjugés (la prédominance des GAFA* qui vont bien sûr enterrer l’industrie automobile) et tout simplement le manque de connaissances (à la fois du contexte et des technologies).
Bref, on peut trouver beaucoup de choses sur le web. Mais, c’est déjà plus compliqué de trouver du contenu pertinent. A une époque où tant de généralistes sévissent, je prétends que c’est de spécialistes dont les leaders d’opinion ont besoin pour comprendre les évolutions. Je parle ici de vrais experts, qui ont un vécu, de l’expérience. Des experts qui ne se contentent pas de faire appel à leur mémoire, mais qui entretiennent leur savoir par des voyages, des essais, et surtout un dialogue avec ceux qui travaillent sur l’automobile de demain.
Par chance, c’est encore à eux que se confient les ingénieurs, et non à des blogueurs dont ce n’est d’ailleurs pas l’activité principale.
Oui, je sais de quoi je parle quand il s’agit de décrypter l’évolution de l’industrie, qui s’oriente de plus en plus vers le service (et ça ne date pas d’hier). Je raisonne également par rapport à un (voire des) écosystème (s), sachant que cela a toujours été le cas et que les start-up existent depuis déjà un bon moment (et que ce sont toujours les grands groupes qui gagnent à la fin). Et surtout, je prends en compte le facteur humain, qui peut ralentir ou au contraire accélérer l’adoption de nouvelles technologies.
La grande différence, c’est que je ne suis pas un militant. Je ne mène pas de combat (contre le Diesel, pour l’électrique). Je me contente de mettre en perspective des faits, en me référant à des facteurs scientifiques et au passé quand cela fait du sens. C’est ce qui me permet de rappeler régulièrement que la voiture autonome a fait ses débuts il y a 40 ans, ou que l’automobile a déjà connu des vagues (voiture électrique, connectivité) qui font l’actualité aujourd’hui. Covoiturage et autopartage étaient également des thèmes discutés il y a 15 ans.
Mais, à l’époque, il n’y avait pas Facebook et Twitter.
Ce recul m’incite à considérer avec précaution les annonces mirifiques et les déclarations à l’emporte-pièce. Pour autant, je vis avec mon temps. Ni jeune geek un peu barré, ni vieux con barbant, je tiens un discours plus juste. Et je peux vous garantir que la mobilité va considérablement changer dans les années qui viennent, pas forcément d’ailleurs au profit des acteurs de la Silicon Valley. C’est une histoire qui s’écrit au quotidien et à plusieurs mains, avec des industriels, de nouveaux partenaires (acteurs du transport, de la communication et de l’énergie) et tout un tas de nouvelles compétences dont personne n’a le monopole. Et on se dirige plutôt vers une complémentarité entre la voiture et les transports en commun, loin des polémiques stériles.
Néanmoins, les médias savent faire la part des choses, puisqu’ils me sollicitent régulièrement. Alors, pourquoi pas vous ?
*Google, Apple, Facebook, Amazon